Il n’y a pas de fumée sans feu… suite

« A l’intérieur
De chaque homme marié
De douces déceptions l’appellent
Ainsi que des paysages négatifs »
(« Sacrifice », Elton John)


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Oui, je suis en vacances. Allez, on profite !

Je dors mal. Le petit que j’allaite encore me réveille toutes les nuits. La canicule est épouvantable et insupportable pour tout le monde. A cette époque, l’appartement de mes parents n’est pas encore équipé de climatisation. Des échanges de paroles dures entre ma maman et moi se multiplient. J’aimerais qu’elle remonte la pente, qu’elle commence à prendre soin d’elle, qu’elle pense enfin à elle. Rien à faire. Cela me fait tellement de peine de la voir dans cet état.

Cela me fait aussi de la peine pour mes enfants qui ne peuvent pas profiter de leur mamie.

A la mi-juillet, mon petit aura un an. J’ai réservé un bon restaurant au cœur de ma belle ville natale pour toute la famille. Je veux marquer le coup, tant pis si mon mari n’est pas là. Je ne vois pas ma famille souvent. A vrai dire, je les vois trop rarement. Il y aura mes parents, mon frère avec sa copine, des tantes et oncles, mes cousines et mes cousins avec leurs enfants, trop bien ! Je suis impatiente en choisissant le menu pour le surlendemain.

La veille de l’anniversaire, le bébé attrape une grosse fièvre, quasiment quarante degrés. Mon père travaille, mon frère aussi… Je prends un taxi et me rends à l’hôpital pour enfants. J’emmène aussi le grand avec moi, il ne veut pas rester avec sa grand-mère, je peux comprendre, elle n’est pas très fun en ce moment. Nous y passerons plusieurs heures : attente, examens, résultats. A priori rien de grave, la roséole, ça passera. Rebelote taxi. Je n’annule pas la réservation. Le petit dormira toute la journée de son anniversaire à cause de sa maladie et des médicaments. Le grand jouera avec les enfants de mes cousins.

Chouette, enfin un peu de calme et de détente pour moi !

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Je profite de la famille, on discute, on rigole. Je me sens moins seule. L’ambiance est sympa. Un bon moment bien mérité. Et pour ne pas gâcher les dix jours restants de mon séjour dans le pays, le soir-même j’achète des billets de train.

Quelques jours à la montagne nous feront du bien !

Je prépare la valise et prends le train avec les enfants. Le petit dort dans sa poussette pendant deux heures. J’occupe le grand. C’est la première fois qu’il prend un train, il est ravi, même si un peu impressionné. Le voyage de trois heures se passe bien. C’est un peu plus compliqué pour rejoindre le taxi avec une poussette et une grande valise, tout en tenant la main du grand…

Ça y est, nous sommes dans l’appartement de location.

Nous nous baladons et profitons de toutes les attractions proposées aux enfants dans cette célèbre station montagnarde très touristique. Tout est moins cher ici qu’en France, je ne compte pas ce que je dépense pour leur faire plaisir. Je me ressource aussi un peu : les paysages sont magnifiques et l’air n‘est pas pollué. J’arrive à gérer les enfants qui sont sages avec moi. Et bien fatigués le soir, ils dorment mieux. Le temps passe vite, trop vite.

Retour chez ma maman. Retour en France.

Le déménagement est terminé. Je dors mal la première semaine. La barrière de sécurité de l’escalier n’est toujours pas installée. Je ne lâche pas le bébé des yeux, il commence à marcher. Il passe beaucoup de temps à jouer dans son parc en bois. Le grand adore jouer sur la grande terrasse, mais le garde-fou est relativement bas, trop dangereux pour que je laisse mon fils jouer sur la terrasse sans surveillance. Je n’ai même pas le temps pour aller faire pipi. Et encore ce lit combiné et surélevé pour le grand… C’était mon idée. Une mauvaise idée.

Mon mari a perdu trois kilos pendant le déménagement. Il est fatigué. Moi aussi.

Quelques jours après notre retour, le vendredi soir, les enfants et moi sommes à la maison. Le petit joue tranquillement dans son parc en bois. Le grand, hyperactif qui ne tient jamais en place, saute dans le parc en écrasant une jambe de son petit frère. Le petit a visiblement mal et traine sa jambe en se déplaçant. J’attends. J’observe. Cela ne me plaît pas.

Mon mari rentre du travail. Je lui raconte ce qui s’est passé. Je lui dis que nous devrions aller aux urgences faire une radio de la jambe du petit. Il refuse. Il dit que ce n’est pas grave. Que j’exagère. Que je suis madame « final destination ». Que je vois des scénarios catastrophiques partout… Et moi, je veux juste m’assurer que tout va bien.

Je m’énerve. Je pleure. Je crie.

Je ne me souviens plus où étaient les enfants à ce moment-là, dans le séjour avec nous, ou à l’étage dans leur chambre. Trou noir.

Il me gifle brutalement. Ensuite, il me pousse violemment sur le canapé. Il gueule. Je ne l’avais jamais vu dans cet état auparavant, ni après, ce « monsieur calme » qui ne s’énerve quasiment jamais.

Je sens la peau de mon visage brûler. Je ne dis plus rien.

Il emmènera le petit aux urgences, tout seul. Pas de problème, il n’y pas eu de fracture. Il pourra marcher. L’ambiance est tendue pendant plusieurs jours. Après je refoule ce mauvais souvenir. Il ne reviendra que longtemps après lors d’une discussion…

On vient d’emménager dans un magnifique appartement. Nous avons de petits adorables garçons. Tout va bien.

J’ai tout pour être heureuse.

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En septembre, je retourne au travail après un an passé à la maison avec le bébé.
Novembre – attentats à Paris.
Avril – je donne ma démission.
Mai – nous partons au Maroc rendre visite à mon ex, mon âme sœur, devenu ami. Ce sera un voyage très troublant pour moi. Il me présentera sa merveilleuse épouse qui attend un petit garçon. Je serai sa marraine de cœur. Les souvenirs m’envahissent. Il est tellement différent de mon mari…
Juillet – prise de poste dans la nouvelle entreprise.
Septembre – ma descente aux enfers commence

***

Trois ans plus tard, plusieurs cartons n’ont toujours pas été déballés. Les cadres photos de l’ancien appartement ne sont toujours pas accrochés aux murs. Les placards de l’entrée et de l’escalier toujours pas faits. Les rideaux toujours pas suspendus aux fenêtres…

***

Et si ma descente aux enfers avait commencé bien avant ce changement de travail ?

“But it’s no sacrifice
No sacrifice
It’s no sacrifice at all”
(« Sacrifice », Elton John)

 

 

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