Souviens-toi de moi…

« Si tu pouvais m’entendre, je dirais que nos empreintes ne s’effacent jamais des vies que nous avons touchées. »
(Citation du film « Remember me »).

Pour moi c’était un jour comme un autre. J’étais entourée d’autres enfants, nous partagions tout : la nourriture, l’école, les punitions, les récréations et les vêtements bien souvent. Je ne savais que me battre avec les autres enfants étant déjà une vraie rebelle.

[Histoire de lectrice]


Un jour une dame vient me voir et m’annonce que je dois partir après sept ans dans cet orphelinat. Je ne savais pas où j’allais. Ma petite valise en main avec mes quelques vêtements et nous voilà parties. Aucun mot de réconfort ou de tendresse ou même d’explications jusqu’à ce que nous nous retrouvions devant une maison de briques rouges. Eh oui le Nord de la France.

Elle sonna… La porte s’ouvrit et en face de moi se tenait un couple et trois enfants. L’assistante sociale fit les présentations, et me dit « voilà ta nouvelle maison, tu devras faire ce que l’on te dit, être gentille, obéissante et respectueuse… Après quelques minutes de blabla, cet homme que j’avais vu à la porte me dit cette phrase : « prend le torchon, essuie la vaisselle ».

D’où ma réponse : « je ne suis pas ta boniche ».

En quelques secondes je me retrouvais sur ses genoux, j’entendis un bruit bizarre sans savoir ce que c’était, mais je l’ai compris très vite, c’était le bruit de la ceinture de son pantalon…. L’assistante sociale et les autres personnes dans la pièce, personne n’est intervenu.

Je me remis droite devant lui en lui disant que je ne pleurerais pas pour ce qu’il venait de faire…

A cet instant l’assistante sociale me dit : « nous avons quelque chose à te montrer, il faut juste nous suivre à l’étage. » Sans bien comprendre ce qui venait de se produire, je montais dans cet escalier exigu et je me retrouvais face à un petit lit bleu avec un bébé dedans.

« Qui est-ce ? » demandai-je ?  
– « C’est ton vrai petit frère. Il n’a que quelques mois, il se prénomme Giovanni. »

J’étais en admiration devant ce petit bébé à la peau mate, les cheveux noirs comme l’ébène. Il dormait à poings fermés, le sourire sur son visage d’ange, il était tellement beau… Pour la première fois dans mon enfance pourrie il y avait quelqu’un que je devrais aimer et protéger.

C’était lui.

Peu importe le nombre de coups de ceinture que je devrais prendre, peu importe le nombre de punitions. J’avais quelqu’un qui portait mon nom et qui avait dans ses veines le même sang que moi… Je savais qu’il me faudrait survivre et endurer beaucoup de choses pour protéger ce petit ange aux cheveux bouclés….

Mon petit frère.

« Whatever you do will be insignificant, but it is very important that you do it. »
(Citation du film « Remember me »).