« Je t’ai regardé mourir
Je t’ai entendu pleurer
Chaque nuit dans ton sommeil
J’étais si jeune
Tu ne voyais que ta souffrance
Et maintenant je pleure au milieu de la nuit
Pour la même foutue raison ! »
(« Because of you », Kelly Clarkson)

Ce soir je suis fatiguée, si fatiguée. Fatiguée de me battre, fatiguée de toujours lutter pour que les choses aillent bien et que ma famille ne coule pas. J’ai l’impression que si je m’effondre tout va s’effondrer autour de moi…
[Témoignage de lectrice]
Je suis fatiguée d’attendre que mon mari se décide à parler de noter future séparation. Fatiguée d’attendre tous les jours que l’on m’appelle pour enfin me fixer ce rendez-vous pour un travail. Rendez-vous qui à chaque fois est annulé ou reporté.
Je suis fatiguée d’espérer que tout va rentrer dans l’ordre, je doute de plus en plus. Pourtant je fais ma petite routine matinale tous les jours que Dieu fait, et tous les soirs je fais aussi une petite routine pour remercier l’univers de tout ce que j’ai et de ce que je n’ai pas encore. Mais je fais comme si pour tromper mon subconscient afin que cela arrive.
Mais là sincèrement je n’en peux plus.
Pourtant je n’arrive pas à lâcher prise. Je n’arrive pas à faire le deuil de ce que j’avais imaginé arriver et qui finalement n’est pas arrivé. J’ai tellement peur, je suis littéralement effrayée. C’est la première fois de ma vie où je me sens aussi perdue et effrayée. Certes je sais que je suis là où je dois être et que quelque chose de mieux m’attend, mais une partie de moi fait obstacle et refuse de laisser les choses se faire.
J’ai vu une énergéticienne il y a deux semaines à peu près et elle m’a dit qu’elle n’avait jamais vu quelqu’un qui en plus du plan À et B avait un plan C, D, E et F. Je n’étais pas comme ça avant, j’ai pris cette habitude de toujours hyper anticiper et tout contrôler à partir du moment où je me suis retrouvée seule avec ma fille qui avait trois ans. Et depuis je n’arrive quasiment plus à être dans le moment présent.
Je suis épuisée et à bout.

Il y a eu un moment où j’ai envisagé de « disparaître », pas me suicider mais partir sans rien dire à personne pour me reconstruire, ailleurs loin de tout le monde. Me faire une nouvelle vie pour me sauver, moi-même. J’ai toujours critiqué les femmes qui avaient abandonné mari et enfants pour se reconstruire. Sauf que maintenant je sais. Quand la charge mentale est trop importante cela devient une question de survie, c’est eux ou vous.
« À cause de toi j’ai du mal à croire
Pas seulement en moi mais aussi en les autres
À cause de toi, je suis effrayée. »
(« Because of you », Kelly Clarkson)
À ce moment-là je suis allée voir mon médecin pour lui exposer mes pensées et pour la première fois j’ai vu de la crainte dans son regard. Elle m’a donné un traitement antidépresseur, j’ai été suivie par une coach de vie et les choses se sont tassées. J’ai appris à prendre du temps pour moi sans culpabiliser. Enfin j’essaie. Il y a des fois où c’est plus compliqué que d’autres.
Les enfants et mon mari ont eu du mal au début, c’est sûr qu’après quasiment dix-huit années d’abnégation ça a été violent pour eux. Pour moi cela a été salutaire. J’ai peut-être été un peu loin parfois et certes beaucoup moins présente, mais j’avais besoin de m’éloigner d’eux pour me sauver moi.
Et là ce soir je vais mal.
Tout le monde est parti en vacances, je suis restée car je recherche du travail et parce que je voulais me retrouver seule avec moi-même pour me retrouver.

Eh bien, je me suis retrouvée et ce n’est pas de tout repos. Je suis perdue, perdue dans ma vie sans savoir où aller. Les crises d’hyperphagie pointent le bout de leur nez de temps en temps. Certes ce sont de mini-crises et j’arrive à m’arrêter à temps mais je sens qu’elles rôdent dans l’ombre, qu’elles attendent le bon moment pour se jeter sur moi.
Je sais que ce passage est nécessaire pour avancer mais, purgette, vivement que ce soit fini. Tous les matins je me lève en posant l’intention que l’on m’appelle pour ce boulot et tous les soirs je m’endors en me disant que ce sera pour le lendemain. Mes envies de chocolat se font plus présentes et plus fréquentes, j’y cède en tentant de les contrôler. De plus, loin que je me souvienne, j’ai le sentiment que je me suis toujours battue pour que ma vie ressemble à quelque chose.
J’aimerais que cela s’arrête ici maintenant.
J’aimerais que les choses se déclenchent et se mettent en place d’elles-mêmes pour m’apporter calme et sérénité. En tout cas comme d’habitude le fait de tout avoir mis par écrit m’a fait du bien. Cela a libéré de l’espace dans mon cerveau. Je suis entourée par des gens formidables mais le soir face à moi-même, à mes doutes et à mes peurs je n’arrive pas à m’adresser à eux, à leur demander de l’aide. Je reste avec mes larmes et j’attends que cela passe.
Je suis plus celle qui aide et console que celle que l’on console, héritage familial… Je travaille pour me débarrasser de cet héritage et débine d’autres choses. J’élève et j’éduque mes enfants à l’opposé de ce que j’ai pu vivre et le résultat est plutôt pas mal. Je suis fière des personnes que mes enfants deviennent. Je les aime plus que tout. Et j’apprends aussi à m’aimer plus que ce que je les aime.
Sans culpabiliser.
J’ai parcouru une bonne partie du chemin mais il reste encore du chemin.

En l’écrivant je prends conscience que malgré les moments de doutes et de panique je suis contente de là où j’en suis et de celle que je suis devenue.
« I will not make the same mistakes that you did
I will not let myself cause my heart so much misery
I will not break the way you did, you fell so hard. »
(« Because of you », Kelly Clarkson)
[Témoignage de lectrice]
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