Seule ou mal accompagnée…

« Bienvenue dans ma stupide vie
Maltraitée, égarée, incomprise
Miss « moins que rien »
Ça ne m’a jamais ralentie
Fautive, dévalorisée, sous-estimée
Regarde, je suis toujours là… »
Fuckin’ Perfect », Pink)

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« Comment peux-tu être heureuse sans être toujours casée à trente-neuf ans, tu n’as pas envie d’avoir des enfants ? » Combien de fois ai-je entendu cette question ?

[Histoire de lectrice]

Généralement ce genre de questions viennent de ma famille ou de personnes de mon entourage proche. Je n’en peux plus d’entendre toujours la même chose. Cela me saoule et même me blesse. Personne ne me demande comment je vais, comment je me sens, ce que je pense de cette situation ou tout simplement si je suis heureuse. Mon avis n’intéresse personne. Non. Le plus important pour eux, c’est quand je vais leur présenter un fiancé, comme si le mariage était l’unique rêve qu’une femme puisse avoir. Je subis une pression énorme, mais j’essaie de ne pas trop m’en faire.

J’ai juste envie que tout le monde me fiche la paix et qu’ils s’occupent de leurs affaires.

Mais apparemment, ma vie est un super sujet de conversation pendant les dîners familiaux, auxquels je ne vais plus d’ailleurs. Je me suis sérieusement fâchée avec plusieurs membres de ma famille, quand ils ont essayé de me présenter les garçons « bons à marier ». Sérieux ? A notre époque ça existe toujours ? Ma famille est très vieux jeu, mais il ne faut pas exagérer non plus !

Si aujourd’hui je suis célibataire, ce n’est pas vraiment par choix. Les circonstances de la vie et deux relations amoureuses qui n’ont pas fonctionné. Néanmoins, je ne suis pas du genre à m’asseoir et pleurer sur mon sort, ou pire encore, attendre un prince charmant. Je crois que certaines personnes ont du mal à comprendre qu’on puisse être épanouie dans la vie sans pour autant être en couple. J’ai un travail que j’aime, des amis adorables, je voyage souvent, je suis bénévole dans une association et je fais plein d’autres choses intéressantes.

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Certes, j’aimerais avoir des enfants et un homme à mes côtés, mais je ne vais pas me caser avec le premier venu juste pour satisfaire ma famille. Un jour, je voudrais poser la question à mes tantes et à mes cousines mariées, celles qui ne se gênent jamais de dire des choses désagréables à mon égard :

« Êtes-vous vraiment heureuses en mariage ? Avez-vous trouvé le bonheur et l’épanouissement ? »

Je ne sais plus combien de fois j’ai assisté à une scène de ménage entre ma tante et son mari. Après chaque dispute, ils ne s’adressent plus la parole pendant au moins une semaine ! Ou ma cousine fraîchement mariée qui a découvert que son mari fréquentait régulièrement « les filles de joie ». Mais bon, c’est (je cite) un « homme respectable qui ramène beaucoup d’argent » à la maison. Elle fait donc comme si de rien n’était…

Tout va bien. The show must go on.

J’ai souvent pensé et imaginé à quoi ressemblerait ma vie si j’étais avec quelqu’un. Mon couple « modèle » a été depuis toujours celui de mon amie M. et son mari A. Ils se sont connus à la fac et sont devenus rapidement inséparables. Tout naturellement, une fois les études terminées, ils se sont mariés. Un avenir tout tracé. Une belle maison, des enfants et un travail plus que satisfaisant. Toutes les filles de notre groupe d’amies étaient sous le charme d’A. Beau, intelligent, joyeux, attentionné et doté d’un sens de l’humour incomparable. Un homme parfait ! Ils formaient un super tandem tous les deux.

Je me souviens que leur amour, leur confiance mutuelle et leur complicité étaient vraiment palpables au début de leur mariage.

J’étais persuadée qu’ils faisaient partie de ces rares couples qui arriveraient
à entretenir leur flamme pour toujours.

Je ne les ai pas vus pendant trois ans car ils avaient déménagé à l’étranger. L’été dernier, ils m’ont invitée à passer une semaine avec eux dans leur maison de vacances en Italie. J’étais folle de joie. Avant leur déménagement, j’adorais passer du temps avec eux. En préparant mon voyage, j’imaginais déjà nos fous rires à venir, nos nuits blanches passées à discuter et à boire du vin, ou encore à déguster les bons plats italiens préparés par A. qui était, de plus, un excellent cuisinier.

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À ma grande stupéfaction, les choses n’étaient plus comme avant.
Il n’était plus l’homme que j’avais connu. Désormais c’était un homme tout
le temps stressé (même en vacances), les yeux rivés constamment sur son portable ou sa tablette, se montrant limite désagréable. M. est devenue une femme triste et effacée qui souriait tout le temps pour (mal) cacher son malaise et son désespoir. Sans parler de leurs deux enfants extrêmement turbulents, certainement impactés par les relations loin d’être apaisées entre leurs parents.

L’ambiance était tendue de manière palpable. Mon amie pleurait quasiment tous les soirs. Son mari restait enfermé dans sa chambre. Du coup, j’ai décidé de rentrer chez moi plus tôt que prévu en prétextant une urgence au travail. Juste avant de partir, M. m’a confié qu’entre elle et son mari, il n’y avait plus de partage ni d’intimité depuis bien longtemps. Je suis restée à son écoute, compréhensive et empathique. Normal, j’étais son amie.

Une thérapie de couple pourrait peut-être les aider ? J’essayais de l’aider à voir les bons côtés de la situation, de lui démontrer qu’il y avait forcément quelque chose à faire pour que les choses s’arrangent. J’ai ajouté qu’elle pourrait toujours compter sur moi, et que je serais toujours là pour elle quoi qu’il advienne. Et là, elle m’a lancé d’une voix basse :

« Merci, mais je ne vais pas le quitter… Je ne veux pas finir comme toi. »

« Pardon ? Finir comme moi ? Ça veut dire quoi, ça !? » Je ne m’y attendais pas de la part d’une bonne amie. C’était comme si j’avais reçu une gifle.

« Non, pardon, c’était très maladroit de ma part, je ne voulais pas le dire de cette manière. Je ne veux pas être seule, peu importe le prix à payer. »

Trop tard pour ces excuses… J’ai pleuré pendant tout mon trajet de retour. Comment une amie peut dire une chose pareille ? Je me sentais tellement mal, complètement incomprise et trahie. Est-ce que je suis quelqu’un d’une catégorie inférieure, juste parce que je n’ai pas de mec ? Comment les gens peuvent être si insensibles, blessants et envahissants avec leurs questions à la con ? Moi, je ne juge personne, chacun vit comme il l’entend.

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Au final, je crois que cet incident m’a renforcée en quelque sorte dans ma position, ma tête et ma vie. Je n’ai plus de pincement au cœur quand je vois un couple, heureux en apparence. Sincèrement, j’aimerais rencontrer quelqu’un et je crois en l’amour. Mais aujourd’hui je sais que je préfère être seule et épanouie dans différents domaines de la vie, plutôt que d’être en couple triste ou accablée. Je ne vais pas me caser juste pour répondre au besoin des autres de me voir me conformer à la pression sociale.

« Le monde entier me fixe
J’ai donc ravalé ma peur
La seule chose que je devrais boire
Est une bière bien fraîche
J’ai fini par cesser d’écouter les critiques
Parce qu’il y en aura toujours »
Fuckin’ Perfect », Pink)