« Si tu vas en guerre, prie une fois ; si tu vas en mer, prie deux fois ; si tu vas en mariage, prie trois fois. » (proverbe polonais)

C’était il y a un an, mon petit frère allait se marier en septembre, il avait enfin trouvé celle qui allait devenir sa femme, après différentes relations plus ou moins longues et plus ou moins réussies…
L’élue de son cœur a douze ans de moins que lui et avant le mariage elle vivait chez ses parents. Une famille traditionnelle, croyante et pratiquante. Sa maman a elle n’a jamais travaillé pour se consacrer au foyer familial. Il y a un an, je me posais beaucoup de questions quant à leur future vie de couple marié. Non que je ne croirais pas à l’amour ou à sa force créatrice, bien au contraire. Mais je connais aussi la force destructrice de certaines influences extérieures, qui t’empêchent de vivre ta vie et ton amour comme bon te semble. Je craignais donc les influences des deux belles-familles respectives vivant à proximité du jeune couple marié.
Deux familles aux valeurs tellement différentes.
Dans la nôtre, les femmes ont toujours travaillé. Je dirais même qu’elles n’avaient pas le choix, elles étaient obligées de travailler. Tout en faisant tout à la maison bien évidemment, ménage, courses, enfants… Dans la sienne, les femmes étaient libres de rester à la maison et d’être valorisée à travers ce rôle si important et tellement peu reconnu aujourd’hui. Personnellement, les femmes qui ont fait (ont pu) faire ce choix m’ont toujours fascinée. Je les enviais en fait face à ce poids des valeurs héritées de ma famille d’origine, face aux choix quotidiens et compliqués entre le travail et les enfants.
« Tu reprends le boulot quand ? »
Une de ces phrases qui me tuent… Tellement de personnes vivent pour travailler. Moi désormais si je dois travailler c’est pour vivre.

Alors quand mon frère s’est marié il y a un an, sa jeune épouse venait de terminer ses études supérieures, et j’en ai entendu demander « Elle a trouvé du boulot ? » Et le jour, où ils auront des enfants, un choix difficile se présentera à elle, à eux. Pourvu qu’ils choisissent en fonction de leurs envies profondes, et non pour contenter la famille ou la belle-famille. Je leur souhaite que leurs décisions soient dictées par leurs propres valeurs, de leur duo, et non celles du passé. Il n’y a que cela qui compte, et le regard des autres, on s’en fout royalement. A moins qu’ils soient là, prêts à aider, quand les enfants naissent, et quand cette jeune maman travaille à temps plein. Oui pourquoi pas, si les anciens ont envie d’aider auprès de leurs petits-enfants…
Moi, je ne voulais pas me marier.
Je ne m’imaginais pas en robe ni en blanc. Je n’aime pas les robes. Le blanc, symbole de la pureté, de l’innocence, tu parles ! Réunir les deux familles, celle de mon futur époux et la mienne – sa mère tellement différente de la mienne – difficile à imaginer, elles ne parlent même pas la même langue… Mais finalement je me suis laissée tenter, pour faire la fête, pour marquer le coup. Pour nous faire plaisir, mais aussi ou peut-être surtout faire plaisir aux autres. Un projet commun pour mon copain et moi, un projet comme un autre. Mais pour moi avoir un projet a toujours été très stimulant et motivant. Les pires périodes de ma vie ont été celles où je n’avais aucun projet auquel m’accrocher. Je m’ennuie beaucoup quand je n’ai pas de projet enthousiasmant, et je fais parfois des bêtises…
J’ai donc tout organisé de A à Z.
Mon futur mari m’emmenait aux rendez-vous, validait mes idées et mes envies, il sortait le chéquier, une grande preuve d’amour pour quelqu’un de très prudent avec l’argent. Je ne plaisante pas car j’ai explosé le budget prévu. Ce n’est pas sans soulagement qu’il constatait après la fête que nos invités nous avaient bien gâtés en comblant en partie le trou creusé dans nos économies.

J’avais une mère. J’avais une grande sœur. J’avais une belle-mère.
J’ai quasiment tout géré toute seule. Une copine est allée avec moi choisir la robe. Mon père me l’a payée. Pas mal. Je m’en contentais. Je me suis fait plaisir : deux mariages, deux robes. Allez, on vit une fois ! Et finalement le blanc cassé m’allait à merveille. La vie était belle. J’aurais pu en faire mon métier et devenir wedding planner. Mais un marriage coach, c’est finalement encore mieux 😉
Quelle jeune femme célibataire n’a pas rêvé un jour de se marier ?
Et quelle femme mariée n’a pas rêvé un jour de sauver son mariage ?
Car même lorsque tous vos projets et rêves se réalisent – boulot, appart, mariage, enfants – il y a toujours quelqu’un qui tient énormément, plus ou moins consciemment, à vous faire redescendre sur terre de votre petit nuage. Nous n’avons pas été épargnés. Il y a eu quelques nuages noirs, gris foncés et gris clair à l’horizon.
J’avais une cheffe vraiment bizarre à l’époque, jalouse de ma vie de couple, envieuse de mon projet de mariage. J’étais jeune, je voulais juste bien faire mon travail. Mais elle croyait que je voulais lui piquer sa place, puisque je faisais TROP bien mon boulot. Et le sien aussi. Cela lui convenait parfaitement lorsqu’elle rentrait chez elle tous les soirs avant moi. En revanche lorsque j’ai reçu une augmentation qu’elle n’avait pas demandé pour moi, cela ne lui convenait plus. Je lui faisais de l’ombre… Oublions, j’avais d’autres chats à fouetter que de m’attarder trop sur ses problèmes existentiels à elle.
À l’époque, un conflit familial dans ma belle-famille a empêché certaines personnes de venir à notre mariage. Une telle ne veut pas voir un tel, un tel ne veut pas voir une telle. OK, nous avons accepté cette situation sans trop nous prendre la tête. Mais nous avons aussi gardé toute notre neutralité dans ces circonstances, toute notre objectivité et surtout notre bienveillance. Alors le jour où cette neutralité vous est refusée, de la part des mêmes personnes « proches », le jour où l’on vous juge, alors que vous ne les avez pas jugées à l’époque, eh bien… Pas de place pour les gens hypocrites dans mon espace vital.
Depuis, je m’en porte tellement mieux ! Et j’ai une seule chose à leur dire : « Que celui qui n’a jamais péché me jette la première pierre ».

Et encore cette pluie le matin de notre mariage, fin août ! Le chignon ne veut pas tenir sous le poids du voile, l’air est trop humide. Tous les éléments semblaient contre nous. Et je passe les exigences des uns et des autres quant au plan de la table ou au menu… On est jeunes, on est bons, on veut faire plaisir aux autres, c‘est notre priorité, jusqu’au jour où nous comprenons qu’il est impossible de contenter tout le monde, avec toutes les contradictions que cela engendre entre leur vision des choses et la nôtre. Et surtout nous comprenons que nous ne sommes pas la priorité des autres et que notre bonheur ne compte pas tellement pour eux.
Sous les regards scrutateurs, remplis d’exigences, de jugements, de jalousie et de malveillance, la plaie du divorce rôde en attendant le bon moment pour vous atteindre.
Alors il y a un an, j‘étais dans un état d’esprit tout autre qu’aujourd’hui. Une mère fatiguée. Une salariée déçue. Remplie de rancœurs et de désillusions. Je ne savais plus qui j’étais et ce que je voulais. Et je me laissais encore envahir par toutes ces ondes négatives provenant des gens qui n’arrivaient pas à gérer leur propre vie, mais savaient tellement mieux comment je devais gérer la mienne.
Et un jour je me suis dit : « J’ai réalisé tous mes rêves, pourquoi je ne me sens pas heureuse ? » Et j’ai compris que parfois il ne suffisait pas juste d’avancer contre vents et marées, mais qu’il fallait plutôt aller à contre-courant. Et un an plus tard, tout ce chemin parcouru.
Une étoile filante est passée par là…
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