« Un cadeau du ciel
Pour le meilleur, le pire, n’importe où
Et je ne laisserai personne te faire du mal
Au point que tu pleures, Jamais »
(“Again”, Lenny Kravitz)
J’ai eu vingt ans au mois de mai. Je suis étudiante en langue et lettres françaises dans un pays de l’Europe de l’Est et je pars en Belgique pour passer un été dans une famille d’accueil afin de parfaire ma langue française…
Je serai fille au pair et m’occuperai de deux petites filles, Valentine 4 ans et Marie 2 ans. Elles sont mignonnes, adorables, taquines et blondes comme moi. Un vrai coup de cœur. Je les adore.
Leurs parents n’ont pas l’air de très bien s’entendre, les tensions et disputes sont fréquentes. Le monsieur est souvent absent, il part très tôt le matin et rentre très tard le soir. La comtesse s’ennuie beaucoup. Elle est contente de m’avoir avec elle l’espace d’un été. Elle a renoncé à sa carrière professionnelle pour s’occuper de la maison et des petites. Je trouve ça triste. Quelques années plus tard j’apprendrai qu’ils ont divorcés. Oui, les comtesses divorcent aussi…
Mais tous les week-ends nous faisons des trucs sympas. Un week-end par ci un autre par là. Dans un château avec un étang privatif. Le pied ! La belle vie. Je croise d’autres filles au pair, mais j’aime passer le peu de temps libre que j’ai à lire des livres, à écrire des lettres à mes amies, au bord de la piscine à bronzer au soleil… et à surveiller les petites pour qu’elles ne se noient pas.
J’écris beaucoup.
Je n’ai qu’une journée libre par semaine, le mardi. Nous habitons en banlieue chic de Bruxelles. Je vais à Bruxelles pour visiter la ville et faire les boutiques, c’est la période des soldes. Seule. Je ne connais personne. Des passants s’arrêtent pour m’indiquer le chemin en me voyant me débattre avec ma carte en papier. Je n’ai pas de téléphone portable, très peu de monde en possède un à l’époque.
Rue Neuve. Je marche Je m’assois sur un banc. Je profite de la liberté et de mon anonymat. Aucun risque de tomber sur quelqu’un que je connaisse. Aucun risque d’être dérangée. Trop bien ! Je suis dans mon élément. Un homme d’origine arabe m’accoste. Pas du tout à mon goût. Trop grand, trop baraque, trop souriant, trop gentil. Pas naturel. Ma méfiance naturelle remonte à la surface. On discute un peu. Il me laisse son numéro de téléphone que je range dans ma poche avec l’intention de le jeter aussitôt qu’il s’éloignera de moi…
Mais je l’oublie ce petit bout de papier. Je ne le jette pas.
Quelques jours plus tard, l’ambiance est très tendue dans ma famille d’accueil et j’ai déjà tout visité à Bruxelles. Je ne sais pas quoi faire de moi. Je tourne en rond. Bronzer sans rien faire, c’est tellement ennuyeux. J’ai besoin de nouveauté. J’ai besoin de changer d’air. Je ressors le petit bout de papier avec le numéro de téléphone. J’appelle avec le téléphone fixe de mes hôtes. On se donne rendez-vous deux jours plus tard. Allez, au moins quelqu’un avec qui discuter et m’amuser un peu pendant les semaines qui me restent dans ce pays.
Deux jours plus tard, l’heure du rendez-vous arrive. Le même endroit que la dernière fois où il m’a accostée. Un homme s’approche de moi. Ce n’est pas le même. Un autre. Je lui dis « C’est toi ? » Il me répond en rigolant « Oui, c’est moi ». Il est grand. Il est beau. Il est svelte. Athlétique. Une silhouette de sportif. Les épaules larges de nageur. Une démarche de danseur. Veste en cuir. Lunettes de soleil. Un sourire à tomber. Un peu mystérieux. Beau. Magnifique. Une voix d’ange.
Un dieu !
Le dragueur de l’autre fois n’a pas pu venir car il travaille. C’est son petit frère qui s’est présenté à sa place… Je tombe tout de suite sous son charme. Il me parle. Il me regarde. Il me sourit. Un coup de foudre. Direct. En trente secondes. Et c’est réciproque. Aucun doute. Depuis, nous devenons inséparables. Il m’offre un téléphone portable. Appels téléphoniques à tout moment. C’est fusionnel. C’est passionnel.
Son frère est jaloux. Pas de problème, il va régler ça.
Nous passerons tous les jours fériés ensemble, et les nuits aussi. A nous embrasser. A nous caresser. A nous dire des mots doux. A nous découvrir. Sans aller trop loin. Step by step. Sans brûler les étapes trop vite. Il me respecte. Il ne précipite pas les choses. La confiance s’installe entre nous. Notre complicité est parfaite.
Après les deux mois passés chez la famille d’accueil, je resterai encore quinze jours avec lui. Les cours à la fac ne reprennent qu’en octobre. J’ai tout mon temps. Je profite. Nous sommes amoureux. Nous nous aimons. Plus rien ne compte. C’est l’homme de ma vie, je le sais. Et je suis la femme de sa vie. Le feeling est parfait. L’entente impeccable. Il embrasse divinement bien. J’adore m’endormir dans ses bras et me réveiller à ses côtés. Je suis au paradis.
« Un cadeau du ciel sacré
Je ne laisserai jamais quelqu’un nous casser »
(“Again”, Lenny Kravitz)
Mais il faut retourner dans mon pays natal continuer mes études. Lui reste en Belgique continuer les siennes. Nous ne pourrons nous retrouver que quelques semaines plus tard, à la Toussaints. C’est le début de notre parcours de combattant pour cet amour si prometteur, mais déjà tellement fragile…
Distance. Origines. Religion. De quoi en faire des remous…
“All of my life
Where have you been
I wonder if I’ll ever see you again
And if that day comes
I know we could win
I wonder if I’ll eversee you again”
(“Again”, Lenny Kravitz)
***
» Tu penses que tu peux distinguer le paradis de l’enfer… Confession «
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