J’ai trente-neuf ans, deux enfants et j’ai décidé d’être heureuse.
En apparence j’ai tout pour l’être, mais la réalité est toute autre. Je me suis mariée très jeune et par amour que je croyais naïvement éternel. Mais très tôt mon mari a commencé à me tromper.
[Témoignage]
Je le savais, sans pour autant en avoir des preuves tangibles. Je n’avais pas besoin de preuves, je le savais, c’est tout. Intuition féminine. Au début, cela m’a fait énormément de mal, et puis avec le temps je me suis habituée à la situation, et même j’essayais de justifier son comportement.
Pathétique, n’est-ce pas ?
Avec le temps, il devenait de plus en plus distant avec moi et les enfants. Quand je voulais avoir une discussion avec lui, il esquivait à chacune de mes tentatives et me disait que c’était à cause de la charge importante du travail qu’il avait à ce moment-là, ou que son nouveau projet devenait hyper stressant et que je ne devais surtout pas m’inquiéter pour rien.
Et puis un jour, il m’appelle de son travail, chose extrêmement rare.
Chérie ! J’ai décroché le contrat dont je rêvais depuis des mois ! On part vivre au Mexique !
« Pardon ? Tu ne crois pas que ce serait correct de me parler avant de ce contrat « dont tu rêvais depuis des mois« et de demander mon avis? Moi aussi j’ai un travail ici ; les enfants vont à l’école et c’est le plein milieu de l’année scolaire, et puis nous ne parlons pas espagnol ! »
J’étais furieuse…
– « Mais si ! Je t’avais parlé de ma promotion éventuelle et tu étais OK pour qu’on déménage ! »
– « Oui, mais tu n’as jamais dit que ce serait au Mexique ! »
« Désolé chérie, tout est arrivé très rapidement. C’est vraiment une chance inouïe pour ma carrière. Regarde le bon côté de la chose, c’est une super opportunité pour nous tous ! Les conditions de vie là-bas seront nettement meilleures qu’ici. Les enfants iront dans une école internationale, la maison sera plus grande et tu auras une femme de ménage. Et quant à ton travail, de toute façon tu ne l’aimes pas. Combien de fois tu m’as dit que tu voulais le changer. Au début, j’irai seul pendant quelques mois et vous allez me rejoindre une fois l’année scolaire finie. Tu vas voir, nous serons très heureux au Mexique ».
Il adore s’entendre parler !
Mais après réflexion, je me dis qu’il a peut-être raison, et j’ose croire que ce sera une nouvelle chance pour notre couple et notre famille. Nous pourrons nous retrouver et recommencer sur de bonnes bases.
Peut-être…
Son départ a été retardé de deux mois. Pendant ce temps-là, il a subi un changement radical. Il est devenu un autre homme. Doux et affectueux. Gentil et attentif à mes besoins. A cette période-là, nous faisions l’amour très souvent, comme au début de notre relation. Il a vraiment fait beaucoup d’efforts, il rentrait relativement tôt les soirs et passait pas mal de temps avec les enfants. Les weekends passaient sous le signe d’une vraie famille, unie. J’étais aux anges…
« Trop beau pour être vrai », me disait ma meilleure amie. « Si j’étais toi, je me méfierais. Les gens ne changent pas subitement… »
Mais moi je n’avais pas envie de me méfier, j’avais envie de croire que mon mari avait changé et que désormais tout se passerait bien…
« On ne change pas
On attrape des airs et des poses de combat
On ne change pas
On se donne le change, on croit
Que l’on fait des choix
Mais si tu grattes là
Tout près de l’apparence tremble
Un petit qui nous ressemble
On sait bien qu’il est là
On l’entend parfois
Sa rengaine insolente
Qui s’entête et qui répète
Oh ne me quitte pas »
(« On ne change pas », Céline Dion)
Son départ est imminent et moi je découvre que je suis enceinte. Une grossesse qui n’a pas été planifiée, mais qui me rend très heureuse. Quant à lui, il n’est pas très emballé à l’idée d’avoir un troisième enfant. Après son départ, je commence à préparer mon départ et celui des enfants au Mexique. La paperasse, la banque, la téléphonie, etc. Cela me prend beaucoup de temps et d’énergie.
Mais maintenant j’ai hâte de commencer notre nouvelle vie là-bas.
Quelques semaines plus tard, je suis réveillée par des douleurs atroces en bas du ventre et au dos, et je saigne énormément. Je perds le bébé. Je suis anéantie. Au quotidien, j’agis comme un robot et j’ai un souvenir très vague de comment se sont passées nos dernières semaines en France.
Arrivée au Mexique, au début tout se passe bien. Il a pensé à tout pour que nos deux enfants et moi nous y sentions comme chez nous. Petit à petit, je fais mon deuil et je recommence à vivre, plus au moins, normalement. Les mois passent, je ne travaille pas, mais je fais des progrès considérables en espagnol. J’ai un super prof, on sympathise, il me présente sa femme. Je l’adore. Le courant passe tout de suite entre elle et moi.
Elle devient mon amie et ma confidente. Nous passons beaucoup de temps ensemble. Elle m’apprend à cuisiner des plats mexicains, elle partage avec moi ses souvenirs d’enfance, me parle de livres et de films qu’elle aime. Un jour, elle me dit qu’une association pour enfants handicapés à besoin de bénévoles et me demande si je serais intéressée. Je n’hésite même pas une seconde.
J’ai envie de me sentir utile.
Mais l’ambiance à la maison se dégrade peu à peu, mon mari je ne le vois pas beaucoup, il est constamment pris par son travail. Les séminaires, les voyages d’affaire et j’en passe… Et quand il est à la maison, c’est un homme absent et distant qui ne se préoccupe de rien ni de personne. Finalement, mon amie française avait raison. Les gens ne changent pas.
« On ne change pas
On met juste les costumes d’autres sur soi
On ne change pas
Une veste ne cache qu’un peu de ce qu’on voit
On ne grandit pas
On pousse un peu, tout juste
Le temps d’un rêve, d’un songe
Et les toucher du doigt »
(« On ne change pas », Céline Dion)
Un soir d’octobre il rentre à trois heures du matin, très ivre. Je sens le parfum féminin sur sa chemise. Alors, je lui fais une scène comme jamais. Je suis enragée. Il n’essaye même pas de nier les faits et me dit que je devrais aussi prendre un amant, que ça me ferait du bien. Je le gifle fortement et pars en courant dans notre chambre.
Je n’en peux plus. C’est fini.
Je pleure toute la nuit. Je me déteste plus que lui. Comment ai-je pu en arriver là ? Tant d’années à lui trouver des excuses pour ses tromperies !
Pourquoi je m’inflige tout ça ?
Ma décision est prise. Dès le lendemain je lui annonce que je veux divorcer et rentrer en France avec les enfants. Il est choqué et me demande de lui pardonner et laisser une dernière chance. Mais je ne cède pas. Je ne sais pas de quoi l’avenir est fait, mais je suis confiante.
J’ai envie de vivre dignement et essayer d’être enfin heureuse…
« On n’oublie jamais
On a toujours un geste
Qui trahit qui l’on est
Un prince, un valet
Sous la couronne un regard
Une arrogance, un trait
D’un prince ou d’un valet
Je sais tellement ça
J’ai copié des images
Et des rêves que j’avais
Tous ces milliers de rêves
Mais si près de moi
Une petite fille maigre
Marche à Charlemagne, inquiète
Et me parle tout bas »
(« On ne change pas », Céline Dion)
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