Un peu, beaucoup, passionnément…

« Pour faire l’amour, une femme doit se sentir bien.
Pour se sentir bien, un homme doit faire l’amour. »
(auteur inconnu)

J’aime beaucoup cette phrase qui résume bien la différence entre les femmes et les hommes en ce qui concerne le désir sexuel.

Aujourd’hui je sais que maintenir la passion sur la durée est une chose bien difficile. Je ne m’appuie pas uniquement sur ma propre expérience mais aussi sur ce que j’observe autour de moi et sur ce qu’on me confie. Un vrai défi, un challenge pour un couple. Et avoir un ou plusieurs enfants est une épreuve du feu pour que les deux gardent le désir une fois devenus parents.

Si le besoin physiologique reste là plus ou moins fort, la libido baisse souvent chez la femme après la grossesse et l’accouchement. La fatigue, le stress ou encore des complexes sur le changement physique subi. Ou alors c’est son désir à lui pour cette femme qui n’est plus là pour une raison psychologique ou autre, mauvais souvenir de l’accouchement, sentiment d’abandon face à ce duo mère-bébé… Ou encore les rapports restent réguliers, mais pas du tout extatiques, plutôt mécaniques.

A quel point fait-il s’aimer pour ne pas se transformer en « colocataires » ?

« C’est comme un mur de Berlin
En plein milieu de la chambre
C’est la neige au mois de juin
La canicule en décembre
Y’a plus de sol sous nos pieds
Plus qu’un fil qui nous supporte
Est-ce-que tout va s’écrouler
Si l’un claque la porte ? »
(« On ne sait pas cœur », Calogero, Clara Luciani)

« Colocataires ».

Sincèrement ? Je ne supporte pas ce mot pour parler d’un couple qui a donné la vie à un enfant. Rien à voir avec de jeunes parents, les colocataires ne veillent pas ensemble au bien-être de leur progéniture. Car si l’essence d’un couple de jeunes parents se résumait à la qualité de leur vie sexuelle, ne serait-ce (un peu) réducteur ? Et si une relation construite sur ou autour du sexe était gage de réussite, de durabilité, de bonheur, cela se saurait aussi…

Je connais des couples pour qui sexuellement cela se passait plutôt bien, mais cela se passait très mal sur tous les autres plans : éducation des enfants, gestion du budget familial, organisation de la vie quotidienne, disputes incessantes, relations toxiques avec la belle-famille. Impossible de rester ensemble malgré les relations sexuelles (apparemment) satisfaisantes.

« On se sépare, on se sait par cœur
On se hait comme un frère aime une sœur
Et si l’un part, est-ce que l’autre en meurt ?
Lequel de nous deux osera ?
Qui fera le dernier pas ? »
(« On ne sait pas cœur », Calogero, Clara Luciani)

Et tous ces sondages qui présentent les statistiques du nombre de fois que les Français et Françaises font l’amour par semaine. Cela me fait toujours rigoler. Et avec qui font-ils l’amour ? Avec leur femme-l‘amour de leur vie ? Ou avec une parfaite inconnue rencontrée en boîte de nuit ? Est-ce que s’accoupler pour répondre au seul besoin physiologique peut-on l’appeler « faire l’amour » ? Et quel intérêt de comparer ainsi les uns aux autres ? Comme si on demandait aux gens « combien de fois par jour faites-vous pipi ? » Eh oui, une femme fait pipi bien plus souvent qu’un homme… De même les besoins sexuels des un(e)s et des autres varient.

À quoi bon culpabiliser si on constate qu’on est dans la « fourchette basse » dans son couple ? Aimer passionnément une personne toute la vie. Si vous en connaissez, faites-le-moi savoir, j’en serai heureuse de savoir que cela existe. Vous me rendriez heureuse en me présentant un tel couple qui est resté dans la passion malgré les enfants, malgré les difficultés de la vie, malgré les maladies, malgré tout.

Mais alors que faut-il pour rester ensemble, de quoi a besoin un couple pour tenir sur la durée ? Malgré toutes les intempéries, malgré la fatigue, malgré les déceptions et les deuils… Je pense que parfois il suffit de s’aimer juste un peu. Un mot gentil. Un regard affectueux. Un petit cadeau inattendu. Un selfy ensemble. Et malgré l’éloignement qui s’est creusé dans le temps, malgré les rides de plus en plus nombreuses ou les premiers cheveux blancs, on comprend qu’une crise ne veut pas forcément dire la fin.

« On se sépare, on se sait par cœur
Et si l’on reste encore quelques heures
Est-ce-que c’est par, est-ce que c’est par peur ?
Et si c’était mieux comme ça ?
Est-ce qu’un jour on le saura ? »
(« On ne sait pas cœur », Calogero, Clara Luciani)

Une crise c’est humain. Une crise c’est universel. La crise fait naturellement partie du parcours de vie de chacun(e) de nous. Une crise est une opportunité qui permet de grandir.  Et parfois de trouver un nouvel objectif permettant de revoir les priorités de la vie. Et pourquoi pas un objectif commun afin de redessiner le lien qui nous unit. Non sexuel, à peine physique, mais tellement bien plus fort que la passion. Pour moi l’amour ne naît pas et ne s’entretient pas (que) sous la couette. Il naît dans un regard. Il naît lors d’une discussion. Il naît dans le courant électrique qui passe entre deux personnes.

Un courant magnétique qui relève de la magie plutôt que de la chimie.

Et combien de fois l’amour (naissant ou pas) a été assassiné sous la couette ? Si l’amour physique n’était qu’une question de physiologie, d’instinct de survie, de reproduction de l’espèce, tous les couples auraient alors des enfants. Il en est autrement. Car à la différence des autres espèces, l’être humain est censé faire l’amour non seulement avec ses parties génitales, mais avec son cœur, son esprit, tout son être.

« Aucun des mots qu’on se dit
Ne peut faire fondre la glace
Aucun n’éteint l’incendie
Qui gronde à la surface
Avant que tourne le vent
Et que retombent les cendres
Si on jouait comme avant
À raccrocher ensemble ? »
(« On ne sait pas cœur », Calogero, Clara Luciani)

Et si comprendre qu’un couple ne se construit pas en-dessous de la ceinture était la première étape pour tout sauver ?

Et si on amenait un peu de romantisme dans nos vies intimes ?

Et si tout ce qui nous a éloignés nous rapprochait ?