Une si longue année

« T’ai-je déçu ou laissé tomber ?
Devrais-je me sentir coupable
Ou me laisser juger par des juges injustes ?
Car j’ai vu la fin de notre histoire
Avant même qu’elle commence »
(« Goodbye my lover », James Blunt)

Un an plus tard. Une très longue année. Tout ce chemin parcouru pour comprendre ce qui s’était passé. Pour me relever. Pour me retrouver…

Une année. L’année de mes quarante ans. C’était dur. J’ai ramé. Tout en gardant l’espoir et la confiance en l’avenir. Douze mois, non pour oublier mais pour accepter. Accepter que la vie continue malgré tout. Réapprendre à aller de l’avant. Retrouver la joie et l’enthousiasme. Je savais que je m’en sortirais. Ce n’est pas pour la première fois que je vivais un échec amoureux. Et je n’ai jamais été d’accord pour dire que le chagrin d’amour durait toute la vie. Non et non ! Même si j’en était malade et je ne savais pas combien de temps cela allait me prendre.

Je me suis donc donné un objectif. Une année.

Une année pour remonter la pente. Voir les côtés positifs de la situation, car il y en a toujours. Aujourd’hui je sais que j’ai eu énormément de chance que cette relation naissante s’arrête au tout début. Qu’elle soit anéantie dans son noyau. Dans son stade embryonnaire. Plusieurs semaines ou mois plus tard le désastre aurait été énorme. Avec des dommages collatéraux colossaux.

“And love is blind and that I knew when,
My heart was blinded by you.”
(« Goodbye my lover », James Blunt)

Donc oui, j’ai pensé à lui pendant cette année. Une longue année où il a refusé de discuter avec moi en face-à-face ou de vive voix. Pas un seul appel téléphonique, pour qu’on puisse s’expliquer les choses. À part quelques échanges d’sms et d’emails. Comme il disait « il avait peur de rechuter » s’il était amené à entendre ma voix ou à me revoir. Il préférait « garder ses distances ». Sauf une seule fois, au début de l’été, où il m’a proposé de le rejoindre prêt à recevoir « la gifle, les gifles, qu’il avait bien méritées ». Regrettait-il donc ? Je n’en suis pas certaine…

J’ai refusé. Je n’y suis pas allée. J’ai puisé au plus profond pour ne pas céder à la tentation. Ne pas redevenir sa proie. Son jouet. Sa manière de rendre sa femme jalouse. Sa stratégie pour la reconquérir.

Oui, j’ai eu des moments de faiblesse où les bons souvenirs m’envahissaient et je voulais tant revenir en arrière. Le retrouver. Me retrouver auprès de lui. Où je continuais à croire qu’il serait encore possible de tout rattraper. J’attendais donc patiemment qu’il réalise à quel point il s’était trompé. Qu’il se rende compte que c’était une énorme bêtise de m’avoir laissée tomber pour son ex-femme qui continuerait à le tromper. Qui continue à le tromper à l’heure où je vous écris. Je ne la juge pas. Je ne le juge pas non plus. Ce n’est qu’un constat. Lui voulait sauver sa famille, c’est tout à fait honorable.

Un homme fort ? À supporter cette situation coûte que coûte ?
Un homme faible ? À ne pas trouver le courage de partir ?

Certainement un peu des deux…

Et elle ? Elle a des sentiments forts pour un autre, mais n’arrive pas à se décider, à choisir. Elle les aime probablement tous les deux, elle a trouvé son équilibre entre ces deux hommes. De manière égoïste ou pas, je n’ai pas envie de m’exprimer là-dessus. Et lui accepte la situation la mâchoire crispée. Pendant combien de temps ? Je ne devrais même pas me poser la question car leur vie ne me concerne plus et ne me concernera plus jamais.

Et vous savez quoi ? Je ne le déteste même pas. Il me connaissait à peine.

Pourquoi m’aurait-il choisie plutôt qu’elle ? C’était la mère des ses enfants. Et moi ? La seule bonne raison aurait été l’amour. Mais aujourd’hui je sais qu’il ne m’aimait pas. J’ai vécu dans une illusion. L’illusion de ses sentiments inexistants pour moi face à la réalité des miens pour lui. Et pour rien au monde je ne voudrais pas vivre avec un homme qui ne m’aime pas. Mon seul amour n’aurait pas suffi pour que cela fonctionne dans la durée.

J’ai toujours pensé et dit qu’une femme ne pouvait être heureuse qu’avec un homme qui l’aime vraiment. Et non avec l’homme qu’elle aime sans véritable réciprocité. Elle ne peut être heureuse qu’avec un homme qui a le courage de faire face à la réalité et relever les défis du quotidien. Qui n’a pas peur de prendre des risques pour elle, pour eux. Qui n’a pas peur de changement. Lui m’avait avoué dans l’un de ses emails qu’ »il avait peur de tout recommencer. »

Et la peur c’est le contraire de l’amour. Ce n’est pas la haine. C’est bien la peur. Lorsqu’on aime, on fonce sans se poser trop de questions. On ne recule pas. On fait de son mieux.

Alors que lui a préféré choisir la médiocrité. Et moi je choisis mes rêves et mes idéaux.

En effet j’ai évité le pire scénario. Celui dans lequel il se serait désengagé plusieurs mois plus tard. Celui où son ex-femme déciderait de revenir une fois qu’il aurait refait sa vie avec moi. Le scénario dans lequel je me serais retrouvée seule avec des remords et des regrets.

Un an plus tard, ça y est, la distance et le temps ont eu raison de mon chagrin…

La vie est belle et l‘horizon clair. Je suis légère. Réconciliée avec la vie et avec moi-même. Définitivement et sans retour.

Même si je l’ai aimé très fort, l’espace d’un instant…

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