« Si vous êtes fatigué(e), ce n’est pas parce que vous avez fait trop de quelque chose. C’est parce que vous n’avez pas fait assez de quelque chose qui vous illumine de l’intérieur. » (Alexander den Heijer)

Connaissez-vous ces réceptions et dîners festifs au cours desquels à un moment quelqu’un vous demande « Et toi, tu fais quoi dans la vie ? » Certains se mettent à raconter avec fierté tous les détails de leur vie professionnelle. D’autres se taisent car ils n’ont pas envie de parler encore boulot, ou pour d’autres raisons…
Les gens veulent vous connaître et vous demandent ce que vous faîtes dans la vie, sous-entendu « Quel travail fais-tu… » Ne serait-ce pas un peu réducteur par rapport à la richesse de la vie et la multitude de potentialités humaines ?
Et si nous remplacions cette question par « Qu’aimes-tu faire dans ta vie ? » ou par « Que fais-tu bien dans ta vie ? »
Quand j’étais enfant j’adorais lire et écrire. J’écrivais de longues lettres à des copines éparpillées dans les quatre coins de mon pays. Des copines rencontrées aux colos d’été et aussi celles que je croisais à des tournois d’échecs auxquels je partais hors de la ville natale plusieurs fois par an… J’écrivais énormément de lettres et j’en recevais autant.
Plus tard, adolescente, je m’arrangerai pour que mes amoureux vivent loin de moi et j’entretiendrai des relations épistolaires avec eux. À l’époque il y a encore des garçons (sérieux et) qui aiment écrire… Chaque lettre était un petit chef-d’œuvre. Des papiers colorés à senteurs fleuries. Texte, photos, dessins, découpages… Tout y passait. Avez-vous connu ça ? Combien de fois m’est-il arrivé d’être en train d’écrire une énième lettre et dire à ma mère que je révisais pour mes cours, lorsqu’elle m’interrogeait sur ce que j’étais en train de faire.
« Une dissertation, maman, ne t’inquiète pas ! »

Mais quelle meilleure méthode pour exercer son écriture avant le bac qu’en écrivant des lettres ? Cela m’a amenée aux études littéraires à la Fac, même si j’étais vraiment forte en maths, héritage familial…
« Qui dit études dit travail
Qui dit taf te dit les thunes
Qui dit argent dit dépenses
Et qui dit crédit dit créance »
(« Alors on danse », Stromae)
Alors pendant toutes ces années où je travaillais dans une grande boîte d’assurance sur des postes qui répondaient à un certain nombre de mes besoins (argent, sociabilité…), mais aucunement au besoin d’accomplissement personnel, je me demandais où j’avais commis l’erreur dans ma trajectoire. Un talent, une passion… Tour ça pour ça ? Pour rédiger des contenus web sur des produits d’assurance ou relire des cahiers de recettes techniques ?
Tellement grisant ! Pfff…
Difficile d’y trouver son compte si ce n’est que l’argent qui tombe sur le compte chaque mois. On vend son âme au diable chaque jour un peu plus.
Alors je me suis posée en me demandant ce que j’aimais faire et ce que je faisais bien au-dessus de tout. Il ne s’agit pas d’être un génie dans un domaine. Il s’agit de faire quelque chose avec plaisir. Avec enthousiasme. Avec passion. Sentir qu’en le faisant, vos ailes poussent et votre intérieur s’illumine. Pour moi c’est donc lire et écrire.
« Alors on sort pour oublier tous les problèmes
Alors on danse, alors on danse »
(« Alors on danse », Stromae)

Cette longue introduction n’est qu’un prétexte pour vous parler d’une personne spéciale. Une amie chère et fidèle. C’est son anniversaire aujourd’hui.
Notre amitié repose sur des écrits. Des emails dans le passé, lorsque nous travaillions ensemble. De très longs sms aujourd’hui. Des échanges de livres de temps en temps, car elle aussi est une grande passionnée des lettres, bien plus que moi.
De longs appels téléphoniques entre copines, cela n’a jamais été mon truc. Et la fréquence de rencontres n’a jamais été le dénominateur d’une belle amitié. En fait mes meilleures/seules amies sont celles que je n’ai pas vues depuis très longtemps, mais lorsqu’on se revoit c’est comme si nous ne nous étions jamais séparées. Le feeling reste intact. Peu de personnes ont cette notion de l’amitié. Dans mon cas c’est ancré profondément et je n’aspire à aucun changement là-dessus.
Alors à cette amie qui comprend parfaitement qu’on puisse préférer écrire que parler, je poste ma lettre ici.
C’est ton anniversaire aujourd’hui et je t’ai posé la question : « Qu’aimais-tu faire quand tu étais enfant ? » Et tu m’as répondu :
« J’adorais la danse classique, c’était ma passion et mon sport. »

Aujourd’hui tu as échangé tes demi-pointes contre une paire de baskets (et quelques paires de bottes de pluie).
J’ai une profonde admiration pour la persévérance que tu mets dans la course à pied et je t’envie cette extraordinaire condition physique. Les distances que tu avales te permettent de lutter contre les adversités personnelles et professionnelles. Car tu mènes de front une vie professionnelle pas forcément à la hauteur de tes ambitions ni tes capacités. Une salariée sérieuse, toujours présente, jamais malade. Jamais reconnue à sa juste valeur, comme beaucoup de femmes… N’importe qui aurait déjà jeté l’éponge, non une fois, mais dix.
« Et là tu t’dis que c’est fini
Car pire que ça ce serait la mort
Qu’en tu crois enfin que tu t’en sors
Quand y en a plus et ben y en a encore
Est-ce la zic ou les problèmes
Les problèmes ou bien la musique
Ça t’prends les tripes
Ça te prends la tête
Et puis tu pries pour que ça s’arrête
Mais c’est ton corps c’est pas le ciel
Alors tu t’bouches plus les oreilles
Et là tu cries encore plus fort et ça persiste
Alors on chante »
(« Alors on danse », Stromae)
Mais tu as toujours réussi à garder le cap pour tes deux garçons, bientôt adultes. Beaux, intelligents et brillants dans leur scolarité, à l’image de leur mère. Une maman seule, mettant en œuvre toute ton énergie, toute ta capacité de résilience et surtout tout l’amour que tu leur portes, pour qu’ils gardent le cap à leur tour.
Toi, tu as appris à danser sous la pluie, pour eux, pour toi.
Aujourd’hui, je voudrais voir un énorme sourire sur ton visage. C’est pourquoi je te propose de relever un défi. Un défi difficile de différents points de vue, mais qui d’autre que toi pourrait le relever. Toi qui m’as parlé d’exigence et de dépassement de soi dans la pratique de la course à pied et de la danse classique.

J’adorerais te voir transportée dans une autre dimension espace-temps. Celle de la grâce, de la beauté et de la sérénité.
Te voir danser.
Tu me diras qu’on ne reprend pas la danse classique à cinquante ans. Eh bien, il n’est jamais trop tard pour faire ce que nous aimons faire et surtout pour quelqu’un qui a couru les marathons de Paris et de New York.
Regarde ici –> clique sur ce lien –> et on en reparle lors d’un prochain déjeuner !
Je t’embrasse fort !!
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