Plus haut, plus vite, plus fort

“Imposer sa volonté aux autres, c’est force. Se l’imposer à soi-même, c’est force supérieure.” (Lao-Tseu)

Je n’aime pas la hauteur. Je n’aime pas la vitesse. Je ne crois pas à la loi du plus fort surtout si la force devient synonyme de violence.

Je monte très peu sur les manèges à Disneyland ou au parc Asterix. Le manque de contrôle sur mon corps ne me procure que de l’angoisse et me donne une envie irrésistible de pleurer. La nausée, une réaction physiologique est bien là. J’aime regarder les gens qui osent monter sur les montagnes russes et autres attractions, mais en même temps j’ai un peu de mal à comprendre cette soif de sensations fortes. OK, quand j’étais gamine j’aimais certains manèges, mais en grandissant j’ai découvert d’autres moyens de me faire plaisir et surtout de me dépasser.

Le dépassement de soi, c’est très personnel.

Pour l’un(e) ce sera aller dans un parc d’attraction tous les week-ends. Pour un(e) autre rouler à 200km/h avec sa superbe voiture. Ou passer plusieurs heures par jour en salle de musculation. Ou encore abuser de substances illicites… En tout cas la prise de risque physique ne fait pas partie de la notion de dépassement de soi telle que je la comprends. Dans mon dictionnaire, mettre en danger sa santé physique ou mentale, ou pire celle d’autrui, est synonyme de bêtise.

Et les excès dont se vantent certain(e) n’éveillent en moi aucune admiration

Pour moi, le dépassement de soi désigne l’envie d’évoluer de l’être humain. Avancer quel que soit le domaine concerné. Selon la devise olympique : « Citius, Altius, Fortius » (« plus vite, plus haut, plus fort ») qui symbolise l’excellence. Il s’agit de donner le meilleur de soi-même, de progresser, de se dépasser au quotidien. Oser prendre le risque de sortir de sa zone de confort.

Oser le changement. Oser changer.

Dans mon esprit le dépassement de soi est forcément lié au développement personnel de l’individu. Dépasser ses faiblesses, ses limites, ses addictions. Faire des efforts pour s’améliorer là où l’on pense ne plus avoir de marge de manœuvre. Dans sa relation aux autres. Dans sa relation à soi-même. Ou encore apprendre à lâcher prise là où nous n’arrivons réellement pas à avancer, malgré une multitude d’efforts fournis, afin d’investir son énergie là où cela peut permettre d’avancer.

Le dépassement de soi, c’est avoir le contrôle de soi-même. De ses émotions. De ses relations. Ne pas dépendre psychologiquement de qui que ce ne soit ni de quoi que ce soit. Alcool. Tabac. Jeux. Sexe. Nourriture. Travail. Sport. Argent. Un peu de tout, mais sans excès. C’est un être humain équilibré qui est maître de sa vie et non son esclave.

Je pense que c’est cela le bonheur.

Et qu’en est-il de l’amour ?

L’amour c’est la base. C’est la condition nécessaire à cet équilibre, à cet apaisement intérieur, à cette harmonie tellement exaltante à laquelle mène le développement personnel. Mais il ne s’agit pas de l’amour qui rend dépendent, de l’amour addiction qui n’a rien à voir avec ce dépassement de soi. Il ne s’agit pas de cet amour qui, au lieu de vous combler, vous rend encore plus malheureux/se. Cet amour qui colmate votre vide de manière temporaire pour vous laisser dans un gouffre encore plus profond qu’avant.

L’amour dont je parle est cet amour que nous avons reçu, ou étions censés recevoir, de nos parents ou autres proches qui s’occupaient de nous lorsque nous étions enfants. Un amour qui réchauffe le cœur et le corps non seulement dans notre enfance, mais aussi et surtout sur toute la durée de la vie adulte. Cet amour qui vous remplit de confiance en vos capacités et vous permet de savoir que vous êtes quelqu’un d’important, de spécial, d’exceptionnel.

En réalité c’est le seul carburant permettant de voler haut et d’aller vite en devenant de plus en plus fort(e).

C’est le plus bel héritage qu’un parent puisse transmettre à son enfant. Faute de quoi, la recherche de sensations fortes, les addictions, les comportements compulsifs ou dangereux et les dépendances affectives viendront inéluctablement combler ce vide, mais fatalement de manière provisoire.

Je pense à ce jeune homme qui bois de plus en plus. Il détestait tellement lorsque son père rentrait ivre à la maison et aujourd’hui il fait exactement la même chose. Il n’arrive plus à se regarder dans le miroir en y voyant tout ce qu’il a tellement haï. Sa fiancée espère le sortir de là par la force de son amour, mais les démons ne l’enfance sont bien plus difficiles à chasser.

Je pense à cette jeune maman qui mange de manière compulsive pour ravaler ses émotions négatives. Lorsqu’elle était enfant les seuls moments où sa maman s’intéressait à elle, c’était lorsqu’elle lui donnait à manger. Le plaisir que lui procure aujourd’hui la nourriture est le seul moyen pour elle de se sentir aimée. Elle n’arrête pas d’essayer des régimes divers et variés, en vain.

Je pense à ce père de famille dont les enfants ados ne veulent plus le connaître. Ce chef d’entreprise a tout perdu en jouant pendant des années et en cachette à des jeux de hasard. Leur maison familiale a dû être vendue pour payer ses dettes. Leur mère a sombré dans une profonde dépression ayant découvert la vérité sur son mari.

Je pense à cette femme qui n’arrive pas à se libérer de sa relation avec un pervers narcissique qui la violente physiquement et psychologiquement. Sa mère ne s’est jamais montrée forte face à ses compagnons, elle a toujours été soumise, et sa fille répète ce schéma aujourd’hui. Elle a peur de partir, de se retrouver seule. Sa mère lui a toujours dit qu’une femme sans un homme ne valait rien.

Je pense à cet homme qui ne sait pas gérer ses frustrations et colères. À la maison il n’avait jamais le droit de pleurer ni de crier. Son père usait de violence physique à chaque fois que son fils se montrait « faible ». Aujourd’hui, pour se défouler, ce jeune homme monte sur sa moto et avale des kilomètres à une vitesse bien au-delà des limites autorisées. Sa pulsion de mort est plus forte que lui.

Tant de destins gâchés. Et pourtant ils ont tous eu des rêves un jour…

Pourquoi restent-ils dans leurs schémas mentaux, persuadés qu’ils ne peuvent pas faire autrement ?

La science confirme aujourd’hui que tout le monde peut changer, évoluer, s’élever. Le cerveau humain est extrêmement malléable, même à l’âge adulte. Et le premier pas vers une autre vie est de commencer par y croire. Parfois il suffit d’une lecture, d’une rencontre, d’un voyage pour avoir le déclic et retrouver la motivation. Un petit truc, en apparence insignifiant, mais qui vous marque profondément et vous donne tout d’un coup cette envie irrésistible d’avancer.

Vous comprenez enfin quelle est la direction que vous devez prendre pour sortir de l’impasse ou reprendre votre vie en main. Tout devient limpide. Il ne reste que d’agir. Seul(e) ou accompagné(e) par un professionnel – thérapeute, hypnotiseur, coach de vie, groupe de parole, association… – selon votre problématique.

Laisser un commentaire