Sept ans de mariage. J’avais tout pour être heureuse.
J’avais tout : un gentil époux, deux magnifiques enfants, un bel appartement flambant neuf, un travail stable, quelques amies fidèles, des vacances paradisiaques. Que vouloir de plus ?
Sept ans de mariage, ce chiffre allait forcément me porter bonheur. Car c’est le nombre de couleurs de l’arc-en-ciel. Car c’est le nombre de planètes du système solaire. Car on parle du septième ciel… Connaissez-vous d’autres raisons pour lesquelles le chiffre sept est censé porter bonheur ?
Il en a été tout autrement. Je me suis retrouvée au bord du gouffre en envisageant le divorce. Je passais des heures à lire sur Internet des annonces de location d’appartements en rêvant de me retrouver seule, tranquille, libre. Sans conjoint, sans enfants.
Burnout parental. Burnout amoureux. J’étais complètement dedans, sans vraiment comprendre ce qui m’arrivait. Troubles du sommeil, épuisement physique et moral, irritabilité, débordements violents avec les enfants, envie d’aller voir ailleurs, de partir et ne plus revenir… Au plus profond de moi je savais que ce n‘était pas possible. C’était contraire à mes valeurs et absolument incompatible ni avec mon projet de vie ni avec ce que j’envisageais pour l’avenir des enfants.
C’était donc inconcevable et pourtant, à ce moment-là, je le concevais parfaitement. Cela m’était tombé dessus sans que j’aie le contrôle de la situation et la lutte s’annonçait rude. Une force fatale qui, après toutes ces années de projets réalisés ensemble, de construction de vie commune et d’une famille solide, me poussait à la destruction de tout ce que j’avais et de tout ce que j’étais.
Nous étions faits pour nous rencontrer.
Jeunes et beaux, même âge, même niveau d’études, deux tempéraments complémentaires, visions du monde similaires. Et le monde nous appartenait. Sans vraiment en parler ouvertement, sans vraiment nous mettre d’accord de manière explicite, nous avons œuvré chaque jour, side by side, day after day, à la construction d’une relation solide, en anticipant la création d’une cellule familiale épanouissante pour les enfants à naître.
Sept ans de mariage, treize ans de vie commune. Tant de difficultés surmontées ensemble. Tant de chemins parcourus. J’avais tout pour être heureuse et j’allais tout gâcher. Le chiffre treize allait nous porter la poisse. J’allais littéralement tout foutre en l’air. Le sol se dérobait sous mes pieds. Tout le sens que je donnais à mon existence, à notre existence, allait s’effondrer. Inéluctablement.
Je voulais divorcer.
C’était il y a deux ans. Tout a commencé par l’envie de changer de travail pour voir autre chose et pour gagner plus. La vie était belle : un nouveau poste payé au-dessus de mes espérances, des bureaux tout confort dans les beaux quartiers de Paris, un trajet confortable et relativement rapide pour me rendre au travail, une crèche d’entreprise pour le cadet à côté du travail de mon époux, une femme de ménage – baby-sitter 2 en 1, pour les sorties d’école de l’aîné, un papa présent le soir et le week-end pour jouer avec les enfants.
Que demander de mieux ?
Spirituellement, la vie était peut-être un peu plate, nos efforts principalement concentrés sur sa sphère matérielle, comme pour la plupart des couples mariés avec enfants. Sentimentalement, les battements de nos cœurs peut-être un peu trop monotones malgré le tumulte du train-train quotidien, mais cette routine n’était-elle pas le gage de la sécurité psychologique pour les enfants ? Sexuellement, nous étions peut-être un peu trop fatigués et préoccupés par le bien-être des petits, quel couple ne passe pas par là, en se promettant de retrouver le temps perdu quand les enfants feraient enfin leurs nuits et seraient un peu plus autonomes.
Mais de là à vouloir divorcer ?
Et, de surcroît, espérer que l’on peut réellement répartir à zéro, coûte que coûte, en mettant le feu dans cette vie dont des milliers de femmes rêveraient d’avoir. Au nom de quoi ? De ma liberté féminine ? De mon épanouissement personnel ? De mon bonheur individuel ?
J’avais donc tout pour être heureuse. Et j’étais au bord du gouffre. Je savais que j’allais tomber. Malgré tout. Malgré moi. Mais avant de tomber, avec une dernière lueur de bon sens, j’ai pris la décision de ne pas emmener dans ce gouffre l’essentiel de mon existence. Je savais que la chute serait douloureuse, mais il fallait qu’elle ne le soit que pour moi.
J’avais compris que vouloir tout garder allait à l’encontre du bonheur. Je sentais que je devais renoncer délibérément à certaines choses, pour retrouver ma raison d’être, mais surtout pour reprendre le contrôle de ma vie. Vous souvenez-vous du conte « Le pêcheur et sa femme ? »
A force de vouloir tout avoir, on finit par tout perdre, par se perdre.
Je suis tombée. J’ai quitté le travail si bien payé. J’ai limité radicalement les contacts avec ma famille d’origine. J’ai tenu à l’écart mes amies. Pourquoi ? Pour concentrer le peu d’énergie vitale qu’il me restait sur ce qui comptait vraiment. Pour limiter le risque de mauvaises influences venant de l’extérieur. Car les forces destructrices qui m’animaient étaient tellement fortes, que lutter contre elles étaient déjà quasiment au-dessus de mes forces physiques et mentales. Un suicide social ? Je suis persuadée que c’était cela ou le divorce.
Je reviens de loin. Me voilà relevée : plus aimante, plus confiante, plus reconnaissante et plus heureuse. Oui, j’ai tout pour être heureuse. Je suis une femme mariée depuis bientôt 10 ans et heureuse de l’être. J’ai réussi à éteindre le feu sans que l’incendie ne se propage et ne fasse trop de dégâts. Les pages de ce blog vous donneront des pistes sur la manière dont j’y suis parvenue. Mon objectif est de partager avec vous mon expérience, et si possible, de vous apporter mon soutien, si vous aussi avez tout pour être heureuse, mais ne l’êtes pas vraiment.
Bonne lecture et à très bientôt !
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